PORTRAITS: extraits de romans

 

Devant le guéridon, un homme était assis, de quarante à quarante cinq ans, petit, gros, trapu, rougeaud, en bras de chemise, avec des caleçons de flanelle, une forte barbe courte et des yeux flamboyants... Cet homme, c'était Tartarin, Tartarin de Tarascon.

Alphonse Daudet - Tartarin de Tarascon. (J'ai Lu)

 

Ah ! qu'elle était jolie, la petite chèvre de Monsieur Seguin ! qu'elle était jolie avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots noirs et luisants, ses cornes zébrées et ses longs poils blancs qui lui faisaient une houppelande ! Et puis, docile, caressante, se laissant traire sans bouger, sans mettre son pied dans l'écuelle. Un amour de petite chèvre...

Alphonse Daudet - Lettres de Mon Moulin

 

Ugolin venait d'atteindre ses vingt-quatre ans. Il n'était pas grand, et maigre comme une chèvre, mais large d'épaules, et durement musclé. Sous une tignasse rousse et frisée, il n'avait qu'un sourcil en deux ondulations au-dessus d'un nez légèrement tordu vers la droite, et assez fort, mais heureusement raccourci par une moustache épointée qui cachait sa lèvre ; enfin ses yeux jaunes, bordés de cils rouges, n'avaient pas un instant de repos, et ils regardaient sans cesse de tous côtés, comme ceux d'une bête qui craint une surprise. De temps à autre, un tic faisait brusquement remonter ses pommettes, et ses yeux clignotaient trois fois de suite : on disait au village qu'il "parpelégeait" comme les étoiles.

Marcel Pagnol - Jean de Florette. (Le Livre de Poche)

 

José Arcadio, l'aîné des enfants, avait quatorze ans passés. Il avait une tête carrée, les cheveux hirsutes et le carctère têtu de son père.

Gabriel Garcia Marquez - Cent ans de solitude. (J'ai Lu)

 

Au milieu d'une sombre forêt, dans une caverne humide et grise, vivait un monstre poilu. Il était laid ; il avait une tête énorme, directement posée sur deux petits pieds ridicules, ce qui l'empêchait de courir. Il ne pouvait donc pas quitter sa caverne. Il avait aussi une grande bouche, deux petits yeux glauques, et deux longs bras minces qui partaient de ses oreilles et qui lui permettaient d'attraper les souris. Le monstre avait des poils partout : au nez, aux pieds, au dos, aux dents, aux yeux, et ailleurs.

Henriette Bichonnier - Le monstre poilu. (Gallimard Folio Benjamin)

 

Il y a plus de mille ans, vivait en Bretagne un Enchanteur qui se nommait Merlin.

Il était jeune et beau, il avait l'oeil vif, malicieux, un sourire un peu moqueur, des mains fines, la grâce d'un danseur, la nonchalance d'un chat, la vivacité d'une hirondelle. Le temps passait sur lui sans le toucher. Il avait la jeunesse éternelle des forêts.

René Barjavel - L'Enchanteur. (Gallimard Folio)

Derrière le comptoir en buis clair se tenait alors Baldini lui-même, vieux et raide comme une statue, en perruque poudrée d'argent et habit bleu à passements d'or. Un nuage de frangipane, eau de toilette dont il s'aspergeait tous les matins, l'enveloppait de manière presque visible, situant son personnage dans des lointains brumeux.

Patrick Süskind - Le Parfum. (Le Livre de Poche)

 

Il faut avouer d'ailleurs que Pierrot avait le physique de son emploi. Peut-être parce qu'il travaillait la nuit et dormait le jour, il avait un visage rond et pâle qui le faisait ressembler à la lune quand elle est pleine. Ses grands yeux attentifs et étonnés lui donnaient l'air d'une chouette, comme aussi ses vêtements amples, flottants et tout blancs de farine. Comme la lune, comme la chouette, Pierrot était timide, silencieux, fidèle et secret. Il préférait l'hiver à l'été, la solitude à la société, et plutôt que de parler, il aimait mieux écrire, ce qu'il faisait à la chandelle, avec une immense plume, adressant à Colombine de longues lettres qu'il ne lui envoyait pas, persuadé qu'elle ne les lirait pas.

Pierrot ou les secrets de la nuit - Michel Tournier - Gallimard Folio Junior

 

Mademoiselle Guimard était très grande, avec une jolie petite moustache brune, et quand elle parlait, son nez remuait : pourtant je la trouvais laide, parce qu'elle était jaune comme un chinois et qu'elle avait de gros yeux bombés.

Marcel Pagnol - La gloire de mon père. (Le livre de Poche)

 

Huckleberry portait des vêtements d'homme, toujours en lambeaux. Une seule bretelle retenait son pantalon dont les jambes, toutes trouées, traînaient dans la poussière. Du printemps à l'automne, il allait nu-pieds. A l'occasion, il employait les jurons les plus grossiers.

Mark Twain - Tom Sawyer. (Le Livre de Poche)

 

Il était une fois un ogre, un vrai géant, qui vivait tout seul.

Comme la plupart des ogres, il avait des dents pointues, une barbe piquante, un nez énorme et un grand couteau. Il était toujours de mauvaise humeur et avait toujours faim.

Ce qu'il aimait le plus au monde, c'était de manger des petits enfants à son petit déjeuner.

Le géant de Zéralda . Tomi Hungerer

 

La bouche large comme un tiroir, deux carrés blancs autour des yeux, une tomate en guise de nez, Bubu tapait sur une boîte de conserve avec une cuillère. Pour le faire taire, Zanzi lui donna une claque, un jet d'eau sortit de son oreille droite. Une autre claque et c'est de son oreille gauche que jaillit une fontaine.

La Grive. Henri Troyat (Le Livre de Poche)

 

Mais le clou, c'est notre petite soeur. Elle a huit ans. Elle s'appelle Marie-Ange Théron. Elle a un nom d'ange, mais en fait, c'est un démon.

Autrefois, mes frères et moi, on l'appelait Cucu la Praline parce qu'elle est toujours habillée en rose bonbon et qu'elle se dandine. Mais c'est fini,ce beau temps-là. On a été obligés d'enlever "Cucu". Maintenant, on l'appelle "la Praline" seulement. Et encore, jamais devant Maman ! Parce qu'il faut voir comment Maman la défend sa fifille chérie. Ahurissant. Si on a le malheur de lui toucher un cheveu, on se fait scalper sur le champ. Forcément, elle pleure comme elle veut. Et dès qu'elle pleure, Maman fond comme du beurre. Mais c'est du cinéma tout ça. En réalité, la Praline est la fille la plus costaude que j'aie vue de ma vie. C'est pas elle qu'il faudrait protéger contre nous, c'est plutôt nous qu'il faudrait protéger contre elle.

Le réveillon de la Praline. Fanny Joly (Hachette Copain)

 

C'était au Roi des Chèvres que Toa avait vendu Afrique. Pas un méchand homme, le Roi des Chèvres. Seulement, il aimait ses troupeaux plus que tout au monde. D'ailleurs, il avait des cheveux bouclés de mouton blanc, ne mangeait que du fromage de chèvre, ne buvait que du lait de brebis et parlait d'une voix chevrotante qui faisait frétiller sa longue et soyeuse barbiche de bouc.

L'oeil du loup. Daniel Pennac (Poche Nathan)

 

Bientôt, l'invisible conducteur coupa le moteur de la moto. Je vis Pépé Révolution pour la première fois ! Je ne suis pas prêt d'oublier cet instant.

Un personnage aux cheveux blancs contourna le side-car. Un petit chien noir s'agrippait à son épaule. Le bonhomme était vêtu d'une grosse veste de cuir brun, d'un pantalon bouffant en plastique jaune, et d'une paire de bottes. Le plus marrant, c'étaient ses gigantesques lunettes rondes. Elles descendaient très bas sur les joues et mangeaient une bonne partie du visage de Pépé Révolution.

Pépé Révolution. Jean-Paul Nozières (Magnard)

 

Yvan Olsen n'était pas bien grand. Plutôt petit et maigre, et peut-être même pas tellement beau.

Il n'avait pas de muscles et ne pouvait casser la figure à personne.

C'est pour cette raison qu'Yvan Olsen se faisait rosser tous les jours.

Tarzan à la gomme. Ole Lund Kirkegaard (Poche Nathan)

 

Le docteur Arsène K. Merlan ne correspondait absolument pas à l'image que Milo se faisait d'un docteur.

Il portait un pantalon flottant à raies qui menaçait de tomber au premier mouvement, une chemise imprimée couverte de palmiers à laquelle deux boutons manquaient, un seul gant, un nez de clown, un noeud papillon à moitié défait et un chapeau tyrolien bosselé avec une plume de chaque côté.

Comment devenir parfait en trois jours. Stephen Manes (Rageot)

 

Autrefois, il y avait un Abominaffreux qui semait la terreur dans tout le pays. Il vivait dans la boue du marais fumant. Il était abominable, affreux, visqueux, verdâtre. Il sentait le poisson pourri et la soupe aux choux. On l'entendait arriver de loin à cause de ses gros pieds qui ébranlaient le sol.

Le Dernier des Abominaffreux. Henriette Bichonnier (Rouge et Or)

 

Je n'avais jamais eu l'occasion de le voir d'aussi près. Il était plutôt petit, avec de grosses moustaches et un visage creusé de longues rides. Comme d'habitude, il portait son éternel béret d'où surgissaient des touffes de cheveux qui n'avaient pas souvent dû voir de peigne. Mal rasé, penché sur sa marmite, au milieu des étincelles et des spirales de fumée, il avait un air farouche qui donnait froid dans le dos.

Le Jobard. Michel Piquemal (Milan Zanzibar)

 

Le journal du soir publiait une importante photo d'Augustus Gloop. Cette photo représentait un garçon de neuf ans, si gros et si gras qu'il avait l'air gonflé avec une pompe extra-puissante. Tout flasque et tout en bourrelets de graisse. Avec une figure comme une monstrueuse boule de pâte, et des yeux perçants comme des raisins secs, scrutant le monde avec malveillance.

Charlie et la Chocolaterie. Roald Dahl (Gallimard Folio Junior)

De la machine métallique descendent alors deux personnages extraordinaires :

Ils sont petits, trapus et presque tout verts.

Leur tête énorme, carrée et d'un vert transparent laisse voir un cerveau qui tourne lentement sur lui-même. Au bout de deux antennes raides comme des piquets, deux gros yeux orange et doux vous fixent. Tu en distingues un troisième au milieu de ce qui pourrait être leur menton.

Au centre de cet étonnant visage, un nez sans narine dont le bout ressemble à celui d'une asperge de jardin, s'allonge et se raccourcit plusieurs fois par seconde.

Tu remarques que ces étranges créatures sans bouche, avec deux espèces de pommes de terre à la place des oreilles, et sans un poil sur le caillou, s'approchent de vous en vous tendant trois longs bras maigres et souples comme des spaghettis. Leurs mains n'ont que trois doigts sans ongles.

Ils portent une espèce de veste à petits pois rouges comme les chaussettes de Marionnette. On dirait qu'ils n'ont pas de jambes, et qu'ils se déplacent plutôt sur des sortes de roulettes bizarres.

De véritables jumeaux venus d'ailleurs !

Le Mystère des Pierrots. Ecoles de Nézignan l'Evêque et d'Abeilhan (La Domitienne)

 

Comme vous ne risquez plus rien, vous descendez du véhicule et vous vous approchez. L'homme est assez vieux, sa blouse beige est toute trouée, et ses cheveux ébouriffés sont rouges et verts. Il porte de petites lunettes rondes, et au bout de son nez crochu pend une verrue grosse comme un pois chiche. Tout plein de poils gris sortent de ses oreilles.

Le Mystère des Pierrots. Ecoles de Nézignan l'Evêque et d'Abeilhan (La Domitienne)

 

Le Hyéneux s'était tordu de rire, et ils s'étaient bientôt retrouvés tous les trois chez Le Sanglier.

C'est vrai que, quand il enlevait sa casquette, Le Sanglier avait tout à fait une tête de sanglier : une large tête noire, aux cheveux et aux sourcils raides et drus à ne pas pouvoir y passer la main. Et costaud, en plus, avec un air pas commode du tout. (" Quand on prend le métro ensemble, disait Le Hyéneux, on fait le vide. ")

Cabot-Caboche. Daniel Pennac (Pocket junior)

 

Compère Gredin avait une énorme barbe broussailleuse qui couvrait la figure, sauf le front, les yeux et le nez. Ses poils formaient des épis hérissés comme les poils d'une brosse à ongles. D'affreuses touffes lui sortaient même des oreilles et des narines.

Compère Gredin avait l'impression que sa barbe lui donnait l'air particulièrement sage et noble. Mais en vérité, cela ne trompait personne. Compère Gredin était un gredin. Petit gredin dans son enfance, il était maintenant un vieux gredin de soixante ans.

Les deux gredins. Roald Dahl (Gallimard folio junior)

 

Monsieur Jaime Lerôme est notre Principal. Rassurez-vous, il n'a jamais bu une goutte d'alcool de sa vie.

Petit-grand, gros-maigre, tel est le physique de cet ancien Professeur de physique-Chimie. Je m'explique !

De grandes jambes toutes maigres supportent un petit torse rondelet ; au-dessus de cet édifice contre nature est posé un ballon, mais un ballon de rugby, ovale.

Deux grands yeux tantôt riants, tantôt terrifiants, encadrent un nez tomate qui lui-même surplombe une minuscule bouche dans laquelle une dizaine de dents attendent désespérément le dentier promis depuis belle lurette mais soumis à une hypothétique augmentation.

Vous entourez ce ballon de rugby d'un collier artistiquement taillé et digne d'un maître de la Troisième (République) voilà le portrait le plus fidèle que l'on puisse tracer de Jaime Lerôme.

Et moi, le soi-disant cancre du " Collège Jean Foupalourd " moi, j'aime Jaime !

Rififi au Collège. Régis Delpeuch (SEDRAP)